Que l’on parle de maquillage permanent, microblading, maquillage semi-permanent, shading, micro pigmentation, dermopigmentation, poudré…, c’est toujours du tatouage.
Le tatouage c’est l’introduction de substances colorées dans la peau.
Les tatoueurs travaillent plus ou moins bien, plus ou moins doucement et l’on voit bien que certaines peaux sont abimées : le tatouage est alors cicatriciel. Les infirmières évitent de piquer ces zones « dures » car riches en collagène.
En tatouage artistique, ce n’est pas un réel problème : l’encre noire reste à vie. Il n’y aura pas à revenir sur cette peau durcie.
Pour nous, professionnels de la dermopigmentation, c’est différent. Les pigments de maquillage permanent sont éphémères et nous devons revenir sur la peau tous les 2 ou 3 ans voire tous les ans pour certaines personnes. Il est donc très important de conserver à la peau son intégrité.
À mes débuts, je ne comprenais pas pourquoi, je n’arrivais pas bien à repiquer des personnes qui avaient déjà un maquillage permanent. En réalité, elles avaient été « massacrées » avec une peau épaissie et cicatricielle même si une cicatrice n’était pas visible.
Ceci était dû à plusieurs facteurs (qualité des aiguilles, précision du mouvement de translation du dermographe, qualité des embouts…) mais surtout à une mauvaise technique.
Nous allons voir ci-dessous les différentes techniques et leur incidence sur la qualité de la peau.
La Ponctuation
La ponctuation consiste à entrer et sortir des aiguilles dans la peau sans se déplacer.
C’est une technique ancestrale qui était auparavant réalisée uniquement manuellement :
- Soit en « frappant » l’outil sur lequel l’aiguille est fichée à l’aide d’un petit marteau
- Soit en faisant glisser le stylet sur sa main
Ces techniques requièrent une grande dextérité de la part de l’opérateur et un long apprentissage, de plusieurs années, pour bien doser son piquage.
Tout change en 1891 quand l’Américain Samuel O’Reilly crée la machine à tatouer électrique que l’on appelle aujourd’hui le dermographe.
Ces appareils ont subi une très grande évolution principalement au cours de ces 20 dernières années, ils se sont allégés, le mouvement de l’aiguille est plus précis et aujourd’hui et il existe aussi aujourd’hui des stylos sans fil de très grande qualité.
L’aiguille opère un va et vient continuel sur le même principe qu’une machine à coudre.
L’acte devient ainsi plus aisé, la main se faisant dessinatrice sans avoir besoin d’introduire l’aiguille dans la peau, l’appareil le faisant pour l’opérateur.
Les seules difficultés demeurent le tracé préalable du dessin à réaliser, le choix de couleur et la pression à exercer pour une prise à une bonne profondeur.
Ce travail de ponctuation n’altère pas la peau quand il est bien réalisé. C’est-à-dire quand la vitesse de déplacement de la main est adaptée à la vitesse de translation de l’aiguille. Seules de micro-perforations de la peau sont alors occasionnées. Elles se referment en quelques minutes et ne laissent aucune rançon cicatricielle.
La ponctuation est la technique à toujours privilégier pour la préservation de la peau.
L’incision
L’incision ou scarification est aussi une technique ancestrale. Principalement utilisée pour rechercher un effet cicatriciel. Pour celle-ci, on utilise une lame ou des aiguilles en peigne si rapprochées, si serrées qu’elles se comportent comme une lame de rasoir.
C’est le principe du microblading : blade signifie « lame »
Le principe est de « couper » la peau pour y introduire des pigments. En microblading, on utilise des aiguilles très fines assemblées en peigne ou lame. La peau est incisée manuellement et le pigment inséré.
La réponse cutanée ne sera pas la même sur les différents types de peau. Hors les scarifications rituelles en Afrique, cette technique pour les sourcils nous vient d’Asie. Mais nous n’avons pas une peau aussi solide que les asiatiques.
Je me souviens d’une démonstration en Grèce lors d’un congrès durant laquelle la professionnelle asiatique qui réalisait les sourcils avait pour modèle une jeune femme grecque, une peau beaucoup plus fragile que celle des asiatiques. Le sang coulait tant qu’elle a dû disposer des cotons au bout du sourcil pour le recueillir !!!
Ce travail, adapté aux peau robustes et solides ne convient absolument pas à nos peaux européennes fines et fragiles et il est malheureusement courant de voir des cicatrices hypotrophiques après ce travail.
En outre, cette méthode manuelle demande un très long apprentissage.
Pour ceux qui connaissent le « Softap », cette technique, aussi éphémère que le microblading, se situe entre la ponctuation et l’incision, bien réalisée, elle n’abîme pas la peau.
En revanche, sachez que même avec un dermographe, il est possible avec les aiguilles nano slope, ultra fines et incisives de « couper » aussi les peaux très fragiles. Il est donc important de bien choisir votre faisceau d’aiguille en fonction de chaque peau et de se déplacer lentement.
L’abrasion
L’abrasion remonte aux années 80. Certaines des marques de l’époque prônaient cette technique. Comme elle avait occasionné des brûlures au deuxième degré sur les sourcils de clientes, cette technique fût abandonnée.
Elle est réapparue récemment sous le nom de poudré.
Cela consiste à utiliser l’aiguille en surface et en se déplaçant hyper rapidement, l’aiguille n’a pas le temps de piquer la peau mais l’érafle continuellement jusqu’à la creuser suffisamment pour que le pigment s’imprègne. On obtient alors en variant vitesse et déplacement un effet poudré ou pixellisé.
Le signe qui doit vous alerter est une production de lymphe. Un tatouage ne devrait pas occasionner de production de plaie exsudative. Ce phénomène est un système de défense de l’organisme face à l’inflammation dû à une friction ou une irritation pour protéger les tissus profonds de la peau (comme dans une ampoule).
La technique du poudré n’est donc autre chose qu’une éraflure. Elle est donc à restreindre aux endroits que l’on ne peut dégrader autrement de façon parfaite.
Pour toutes les autres zones, le travail du fondu peut se faire de façon classique avec la technique du dégradé pour exactement le même résultat sous un mois puisque la pixellisation occasionnée par le poudré se floute à la cicatrisation. Pour une pixellisation durable, seule la technique du pointillisme est durable dans le temps.
Pour préserver au maximum la qualité de la peau de vos clientes à long terme, je vous recommande de privilégier la ponctuation manuelle ou digitale, de choisir les aiguilles les plus douces et de pratiquer un déplacement lent de la main.
Si le choix de la technique est important pour un résultat immédiat ; il est essentiel pour garantir le vieillissement et la qualité de votre travail dans le temps.
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